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La recherche du vrai en littérature, la résurrection de l'art du XVIIIe siècle, la victoire du japonisme : voilà les trois mérites que les Goncourt n'ont cessé de s'attribuer. Ils auraient pu en ajouter, avec beaucoup plus de raisons, un quatrième et un cinquième : l'invention de l'histoire sociale et l'invention de l'histoire de la femme.
En effet, Les Maîtresses de Louis XV sont le premier livre de ce qu'ils appelaient, avec un siècle d'avance, la «nouvelle histoire». «Cette histoire nouvelle - écrivent-ils dans leur préface -, l'histoire sociale, embrassera toute une société. Elle l'embrassera dans son ensemble et dans ses détails, dans la généralité de son génie aussi bien que dans la particularité de ses manifestations. Ce ne seront plus seulement les actes officiels des peuples, les symptômes publics et extérieurs d'un État ou d'un système social, les guerres, les combats, les traités de paix, qui occuperont et rempliront cette histoire. L'histoire sociale s'attachera à l'histoire qu'oublie ou dédaigne l'histoire politique. Elle sera l'histoire privée d'une race d'hommes, d'un siècle, d'un pays. [...] Elle pénétrera jusqu'au foyer, et en montrera les dieux lares et les religions familières. [...] Elle fera à la femme, cette grande actrice méconnue de l'histoire, la place que lui a faite l'humanité moderne dans le gouvernement des moeurs et de l'opinion publique.»
Ce texte suffit à faire des Goncourt les grands précurseurs de la «nouvelle histoire». Leurs principes, ils les ont admirablement mis en oeuvre dans leurs biographies de femmes du XVIIIe siècle. S'appuyant sur une documentation aussi riche qu'originale, exploitant correspondances familières, mémoires secrets, livres de comptes, ils ont réalisé une galerie de portraits qui comptent parmi les plus vivants et les plus délicats, les plus coquins et les plus émouvants. Ils constituent l'équivalent littéraire des admirables portraits peints par La Tout, Van Loo et Nattier.