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Le 16 juillet 1896, à Champrosay, chez ses amis Daudet, Edmond de Goncourt, âgé de soixante-quatorze ans, succombe à une congestion pulmonaire. Douze jours plus tôt, il avait évoqué dans son Journal son dernier dîner avec Robert de Montesquiou, le chef des odeurs suaves, l'ami de Mallarmé, de Verlaine, de Gallé, de Proust. Selon les termes de son testament, les cahiers manuscrits de ses Mémoires de la vie littéraire devaient être scellés pour vingt ans, puis déposés à la Bibliothèque nationale pour être "consultés et livrés à l'impression". Pourquoi cette prudence ? Edmond n'avait-il pas lui-même tiré de son Journal neuf volumes d'extraits publiés de 1887 à 1896 ? Des extraits soigneusement triés, car "dans un Journal comme celui que je publie, la vérité absolue sur les hommes et les femmes rencontrés le long de mon existence, se compose d'une vérité agréable - dont on veut bien ; mais presque toujours tempérée par une vérité désagréable - dont on ne veut absolument pas". C'est la crainte de cette vérité désagréable qui a poussé l'Académie des Goncourt - malgré de nombreuses protestations - à demander aux différents ministres de l'Instruction publique qui se sont succédé depuis 1916, l'interdiction de communiquer le manuscrit du Journal jusqu'à une date récente. Ce n'est qu'en 1956 que fut publié le texte intégral "sauf la suppression de quelques précisions, suppressions imposées par les nécessités légales."
Près d'un siècle après la mort d'Edmond, certains portraits que nous livrent les Goncourt des hommes politiques de leur temps, certains jugements portés sur des confrères ou des éditeurs, certaines de leurs opinions sur les mœurs de leur siècle gardent ainsi leur pouvoir de provocation voire de scandale.
Robert Kopp Professeur à l'Université de Bâle