La longue veille : 1934-2002

«Nous n'abandonnerons jamais.

Je nous revois, mon père et moi, dans l'enclos entouré de barrières à têtes de mort, notre quartier, notre maison, éventrée, tout dans la rue -, et les bombes à retardement peuvent exploser d'un instant à l'autre. 1943 : c'est le cœur de la guerre. Quand finira-t-elle ? Nous ne savons pas encore toute l'horreur qui est en train de s'accomplir là-bas, à l'Est. Nous sommes sous la peur et sous la faim. Demain, demain se lèvera une autre vie.

Il y a plus d'un demi-siècle.

Aujourd'hui, 2002.

Il semblerait que l'humanité commence à prendre conscience de la nécessité d'un changement radical. Autre que les modernes révolutions. Mais pas moins fort. Plutôt davantage.

Il nous faut inventer un nouveau mode d'être au monde.

Capable d'hériter de tout, de sauver tout. Et d'être, là même, un nouveau commencement.

Puissé-je, puissions-nous y travailler ! Il n'y a plus que ça qui compte.

Mais entre ces deux dates, quelle traversée ! Quelle longue veille !»