Pauvre Georges !

Georges Mecklin, homme droit mais apparemment sans grande envergure, qui enseigne dans une école privée de Manhattan, vient de s'installer avec sa femme à la campagne. Un jour, en rentrant chez lui, il surprend un adolescent. Ernest, en train de fouiller dans ses affaires. Au lieu d'appeler la police. Georges, dont l'existence étriquée réclame une «belle cause», décide de le prendre sous son aile sans se douter que cette décision va agir comme un détonateur et faire brusquement exploser sa vie d'Américain bien tranquille.

Dans ce roman écrit en 1967. Paula Fox aborde un thème cher à la littérature américaine, celui de l'innocence. A travers Ernest, Georges découvre que l'innocence ne saurait en aucun cas remplacer le sens moral - mais lui-même, avec tout son sens moral, est-il bien innocent, et n'y aurait-il pas, dans l'intérêt qu'il témoigne à Ernest, quelque chose de trouble ? Comme dans Personnages désespérés, Paula Fox procédé ici par accidents révélateurs : un ou plusieurs chocs lézardent peu à peu la belle façade d'équilibre que présentent ses personnages, jusqu'au jour où l'édifice s'écroule - mais peut-être est-ce là le prix à payer pour passer de la bonne conscience à la conscience tout court...