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"Johnny était grand et sec, presque maigre, toute sa force et sa beauté étaient dans ses yeux. Au moment où il avait été appelé, il en était à la moitié de ses études pour devenir professeur de langue et littérature anglaises. C'était l'enseignante d'anglais, en troisième, qui l'avait baptisé Johnny ; le surnom avait été adopté par ses camarades de classe, par ceux de sa famille, enfin par tous les gens de la ville." C'est ainsi que Beppe Fenoglio dessine son propre portrait dans Le Printemps du guerrier (1959), son troisième livre, le dernier qu'il publia durant sa courte vie. Sa passion pour la civilisation anglaise s'affirmait comme un choix civique et littéraire, un projet de comportement, la recherche d'un style. Lui qui se rêvait soldat dans l'armée de Cromwell, avec la Bible dans sa musette et le fusil en bandoulière, dut d'abord se mesurer avec la sordide réalité du fascisme, puis vivre en tant que jeunerecrue la tragédie de septembre 1943 : armistice, fuite du roi et du gouvernement à Brindisi, débandade des troupes italiennes, Mussolini gauleiter à Salò... Dépeignant un épisode de l'histoire contemporaine, Fenoglio nous livre la parabole exemplaire de la prise de conscience de Johnny qui retournera sur les collines du Piémont pour combattre enfin sa guerre. Plongé dans la fange du monde, humilié même jusqu'à l'abjection, le jeune homme préserve la virile pureté de son âme. Lorsque la mort avancera vers lui, elle n'obtiendra d'autre réponse que son sourire.
Ce roman où chaque phrase semble naître à la racine de la douleur humaine déploie un lyrisme vibrant, lapidaire. Il conjugue l'exigence morale et l'adhésion sans réserve au destin.