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TJ, quatre ans, passe ses jours dans son quartier de Harlem à jouer avec ses meilleurs copains, WT et Blinky-la-Clignoteuse, et à faire des courses pour ses voisins. À chaque pas de son apprentissage, ce « Little Man », tout petit homme avec des rêves hauts comme des gratte-ciel, se trouve confronté au monde adulte et à ses dures réalités. C'est par sa voix singulière et ses yeux d'enfant que le lecteur découvre de l'intérieur la vie urbaine noire des années 1970, où la pauvreté, les inégalités sociales, la violence et la ségrégation continuent de faire leurs ravages. James Baldwin appelait cet ouvrage, introuvable depuis cinquante ans, « mon livre d'enfant pour les adultes ». Pour l'illustrer, il avait fait appel au peintre parisien Yoran Cazac, l'un de ses amis proches. Le voici enfin publié en français à la faveur du centième anniversaire de la naissance de ce maître des lettres américaines.
Trouver aujourd'hui un texte inédit de l'immense écrivain américain James Baldwin est chose rare. L'aventure de TJ, inspirée de Tejan, le neveu de l'auteur, et écrite à sa demande, est une pièce importante du « dispositif Baldwin ». En suivant les tribulations ordinaires d'un gamin de quatre ans et de ses copains dans les rues du Harlem des années 1970, c'est une fois de plus la situation des Afro-Américains dans les États-Unis de la seconde moitié du vingtième siècle que l'auteur de Un autre pays ou de La prochaine fois, le feu observe et interroge. Sous l'allure tendre et drôle d'un conte pour enfants se cache une bombe culturelle destinée à rendre son histoire, ses perspectives et ses modèles à une communauté sans cesse repoussée aux marges de la société. Comme l'écrivait le New York Times au moment de la réédition américaine de ce livre oublié depuis sa première parution en 1976, « les enfants pourront suivre l'histoire et y trouver du sens, mais elle apparaîtra à coup sûr bien plus puissante à ses lecteurs adultes ».
Des aquarelles du peintre parisien Yoran Cazac, qui ne connaissait de Harlem que ce que son ami Baldwin lui en avait raconté, émane une atmosphère onirique, impressionniste, qui les rend déchirantes quand elles se confrontent aux éléments cruels et menaçants jalonnant le chemin de leur petit héros.