Après avoir goûté les plaisirs de la Cour, voyagé longuement à travers
l'Europe, assumé la charge de premier magistrat de la ville de Bordeaux,
Michel Eyquem de Montaigne (1533-1592) se retire sur ses terres.
Ayant pris la mesure des hommes et des événements, il entreprend alors
de rédiger les Essais. «C'est moy que je peins... je suis moy-mesmes la matiere
de mon livre.»
«D'où vient que les Essais soient le livre qui, par excellence, ne vieillit pas,
ne saurait vieillir ? Lorsque Stefan Zweig, en exil à Petropolis au Brésil, est
dans le désespoir, la déréliction extrêmes, le dernier penseur auquel il demande
une aide, qu'il lit et commente, est Montaigne. Pourquoi Montaigne et non
Descartes, Kant ou Leibniz ?... Le vrai avantage de Montaigne est qu'il a touché
juste. Ce qu'il dit de l'homme est exactement ce que l'homme peut dire de lui-même
: que la condition humaine est condition d'ignorance... mais surtout
qu'elle est d'abord et avant tout acceptation de soi-même, tel que la nature nous
a fait, car "de nos maladies, la plus sauvage c'est mespriser nostre
estre".» Marcel Conche in Préface
Cette nouvelle édition des Essais en un seul volume, dans la collection
Quadrige, reprend la célèbre édition de Pierre Villey, revue
par V.L. Saulnier, édition conforme au texte de l'exemplaire de
Bordeaux, corrigé de la main même de Montaigne en vue d'une
sixième édition. Partant de l'exemplaire de Bordeaux, Pierre Villey a
également tenu compte des ajouts apportés sur l'édition de 1595 et
augmenté le texte de notes et explication sur les termes et expressions
de l'époque, d'une chronologie sur la vie et l'oeuvre, d'un appendice
sur l'influence des Essais, d'un index et de la liste des inscriptions
portées sur les murs de la «librairie».