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«James Joyce ne riait de rien ni de personne ; il se moquait de l'univers, et, sous le moindre aspect, c'était toujours l'ensemble de la création dont il découvrait la nature comique», relevait son ami Jacques Mercanton, tandis que sa femme Nora s'exclamait : «Qu'est-ce que c'est que toutes ces prétendues histoires d'humour irlandais ? Avons-nous un seul livre drôle à la maison ? Auquel cas, j'aimerais en lire une page ou deux !»
L'auteur d'Ulysse riait pour se détacher de lui-même - et du monde. Plus la situation se montrait désespérée, plus il en abusait, se protégeant ainsi de l'incompréhension, des guerres mondiales ou de la maladie mentale qui gagnait son entourage.
Nietzsche perdit la raison à Turin, Pavese s'y donna la mort, et Apollinaire fut mal aimé à Paris. Dans ce livre, James Joyce leur fait écho, errant de ville en ville, entre Trieste, Pola, Rome, Zurich et Paris. S'il rêva d'une famille nombreuse, il vécutisolé, toujours et partout étranger, avec pour seul bagage une œuvre protéiforme en tête, et pour compagnons une femme et deux enfants. Sa vie fut une tragédie, ses livres sont une farce grandiose, et je reste son lecteur ému.
En parlant de lui, je me suis souvenu d'instants furtifs au bout du Sahara et ailleurs. J'étais en compagnie d'Yves Tenret. Nous discutions de tout, de rien, et justement de James Joyce, loin d'imaginer qu'un jour, vingt-cinq ans plus tard, nous mêlerions nos voix pour évoquer son histoire, comme s'il s'agissait d'une autobiographie - une autobiographie à la fois désinvolte et scrupuleuse dans laquelle l'humour joue à cache-cache avec le drame, et le récit avec deux cents dessins en couleurs.