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Une communauté de droit se fonde sur ce qui unit les hommes, non sur ce qui les divise. La république doit donc se définir en dehors de la différence des religions. La complicité tendue entre César et Dieu cède la place à l'affranchissement réciproque de Dieu et de Marianne. La laïcité articule ainsi l'idéal d'un espace civique commun et le principe de neutralité confessionnelle de l'Etat. Celui qui croit au ciel et celui qui n'y croit pas voient désormais garanties leur liberté de conscience, mais aussi leur pleine égalité. La laïcité n'est pas pour autant le degré zéro des convictions, mais la force vive d'une pensée qui dit tout haut les principes d'une concorde véritable : celle qui advient entre des hommes libres, maîtres de leur jugement, auxquels l'école laïque apprend à ne pas transiger avec l'exigence de vérité.
Que veut dire «ouvrir la laïcité», si ce n'est restaurer des emprises publiques pour les religions ? Le risque alors est de confondre collectif et public, et de détruire à terme le bien public lui-même, en le livrant à la guerre des dieux. Les nostalgies concordataires, évoquant la crise du lien social ; suggèrent déjà que la laïcisation aurait tari le sens, et que l'émancipation aurait tourne au sacre de l'égoïsme. Diagnostic étrange, car aveugle aux causes réelles de la misère du monde. Peut-on méconnaître à ce point la vertu propre à la laïcité, confiance dans la souveraineté de la pensée humaine, force d'âme fraternelle où se transcendent les «différences» ?
Ce livre propose une philosophie de la laïcité. Il conjugue les approches de l'histoire, de la théologie et du droit. Au-delà des démarches simplement polémiques, il s'efforce d'éclairer les questions actuelles par une réflexion sur les fondements et la genèse de l'idéal laïque. Il en montre l'enjeu dans un monde où les motifs d'affrontement se cristallisent dans des identités exclusives, et où le moralisme tient trop souvent lieu de conscience.