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En amont de cet ouvrage, soulignons la singularité de la démarche entreprise par l'auteur, démarche scientifique induite par trois ans et demi d'immersion au coeur du terrain : l'université de Harvard et ses sociétés secrètes, les final clubs. Cette singularité se retrouve dans l'organisation de l'écriture qui démarre comme un roman ethnographique, comme une invitation au voyage... L'approche peut surprendre mais elle repose sur un travail de recherche très approfondi, en convoquant deux piliers de l'enquête sociologique : l'approche compréhensive et les méthodologies de l'école de Chicago.
Le fond de la thèse scientifique peut se résumer à trois éléments fondamentaux du processus de socialisation perpétué par les final clubs : l'acquisition et la mise en pratique de l'élitisme, notamment dans les modes de sélection ; l'apprentissage du secret et plus spécifiquement de sa manipulation (secrecy) ; le maintien d'un entre-soi, source de pouvoir et de domination traditionnelle, que l'on doit considérer comme une structure de socialisation de l'élite de prééminence.
L'analyse des données permet à Stéphanie Grousset-Charrière de mettre en parallèle deux approches généralement mises en opposition : un mode de fonctionnement de ces sociétés secrètes fondé sur un schéma reproductif et en même temps un modèle de circulation de cette élite au travers des processus de sélection et de socialisation au sein de ces final clubs. Ainsi la thèse avance, avec un intérêt sociologique évident, l'idée que ces processus sont en fait des apprentissages à l'identification et à l'usage de l'élitisme. Ils constituent ainsi des formes d'oligarchisation, c'est-à-dire de socialisation progressive d'une élite alliant excellence et prééminence, intégrant insidieusement codes, moeurs et pratiques d'une élite de pouvoir de nature oligarchique.
Professeur Daniel Filâtre