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En 1974, Didier Anzieu publiait dans la Nouvelle Revue de Psychanalyse un article intitulé «Le Moi-peau» dont l'impact sur le monde des universitaires et des cliniciens n'a cessé depuis d'être déterminant. En 1985 paraissait sous ce même titre un livre où l'auteur présentait la synthèse de ses recherches et proposait une théorie des fonctions du Moi-peau. Aujourd'hui paraît une nouvelle édition revue et complétée.
La peau est l'enveloppe du corps, tout comme le moi tend à envelopper l'appareil psychique. De ce point de vue, les structures et fonctions de la peau peuvent fournir aux psychanalystes et aux psychologues des analogies fécondes pour les guider dans leurs réflexions et leurs techniques.
Le Moi-peau apparaît comme un concept opératoire précisant l'étayage du moi sur la peau et impliquant une homologie entre les fonctions du moi et celles de notre enveloppe corporelle (limiter, contenir, organiser). Considérer que le moi, comme la peau, se structure en une interface permet ainsi d'enrichir les notions de frontières, de limites, de contenants, dans une perspective psychanalytique. Par ailleurs, la richesse conceptuelle du Moi-peau permet de mieux appréhender une réalité clinique complexe : au-delà des relations entre les affections dermatologiques et les désordres psychiques, l'auteur montre que le surinvestissement ou la carence de telle ou telle fonction du Moi-peau rendent compte notamment du masochisme pervers, du noyau hystérique de la névrose ou de la distinction entre personnalités narcissiques et états-limites.