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Né à Cordoue en 1126, mort à Marrakech en 1198, Averroès (Ibn Rushd) fut l'un des penseurs les plus universels du Moyen Age musulman : tout à la fois médecin, cadi, juriste, philosophe, il s'est intéressé à l'ensemble des savoirs profanes et religieux de son temps. Ce polygraphe dont le grand œuvre - le cycle des commentaires d'Aristote - fera découvrir la pensée du «premier maître» à l'Occident chrétien est aussi le témoin des bouleversements qui ébranlent alors l'Andalousie : Averroès n'a guère plus de vingt ans quand la révolution almohade fond sur le pays, emportant le fragile édifice almoravide, et il devient dès lors un homme public, habitué des cours royales. Il connaît la faveur et l'exil, mais écrit inlassablement.
L'immense postérité intellectuelle d'Averroès n'a d'égale que l'ampleur des entreprises de récupération dont il a fait l'objet. Les silences et les lacunes qui grèvent cette existence mythique ont en effet favorisé la floraison des représentations partisanes : incarnation de la rationalité philosophique selon les uns - parmi lesquels Ernest Renan -, théologien éminent selon les autres, Averroès est devenu le fantoche de ses disciples et hagiographes. En faisant œuvre biographique, il s'agit de donner la mesure de celui qui fut, avant la lettre, un intellectuel musulman : un esprit curieux, cherchant à concilier sagesse et loi religieuse, en quête d'un statut qui restait à inventer.