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Thérèse philosophe
Avec les gravures de l'édition de 1785
« Le seul ouvrage qui ait montré le but, sans néanmoins l'atteindre tout à fait ; l'unique qui ait agréablement lié la luxure et l'impiété, et qui donnera enfin l'idée d'un livre immoral » : c'est en ces termes que Sade, dans l'Histoire de Juliette, rend hommage à Thérèse philosophe. Paru anonymement en 1748, ce roman est un classique - sinon le classique - de l'édition clandestine d'erotica au XVIIIe siècle. Véritable best-seller de la littérature audacieuse, souvent attribué à Boyer d'Argens, il ouvre aussi de brûlants dossiers d'ordre religieux et moral, et l'on a pu soupçonner Diderot d'en être l'auteur. Prenant prétexte d'un fait divers - le procès qui opposa, en 1730, un jésuite à sa pénitente qui l'accusait de l'avoir débauchée -, il dénonce l'influence pernicieuse de la religion sur la santé des esprits, et revendique, par le « raisonnement » comme par l'« exemple », le droit des corps à disposer d'eux-mêmes.
D'où l'inévitable question : 1748, année érotique, ou année théorique chaude pour la philosophie ? L'une ne va peut-être pas sans l'autre...