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Entre ces deux contes, L'Ingénu, La Princesse de Babylone, chronologiquement si proches, l'écart paraît considérable. L'Ingénu nous donne à lire un roman où, croirait-on, tout est vrai, jusque dans l'ajustement, fort soigné, des lieux et des dates. Au contraire, dans La Princesse de Babylone, rien n'est crédible, ni cette capitale de Bélus, ni ce concours nuptial, ni les prodiges du phénix, ni les licornes, ni le paradis terrestre des Gangarides. La concomitance d'œuvres si disparates atteste la fécondité créative du conteur. Elle justifie leur réunion dans un même volume.
On relève cependant que les deux récits, partis si loin l'un de l'autre, finissent par rencontrer les mêmes thèmes, thèmes du combat que Voltaire persiste à mener après la déception majeure de l'affaire La Barre (1766).
Voltaire, prodigieux conteur, quelque carrière qu'il donne à l'imaginaire, n'oublie jamais ses éternels ennemis.