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La démocratie a proclamé la souveraineté du peuple, mais dans le même temps, c'est une société d'individus qui est advenue. Alors le peuple a paru insaisissable. Dès le commencement, le problème des conditions d'une «bonne» représentation politique s'est donc posé et il n'a pas cessé depuis.
Pierre Rosanvallon s'attache à construire l'histoire de cette question. Partant des formulations et des expériences de la période révolutionnaire, il reprend ensuite le fil des interrogations et des tâtonnements du XIXe siècle pour montrer comment s'est constituée, au tournant du XXe siècle, une démocratie d'équilibre. Le rôle reconnu aux partis politiques, l'adoption de nouvelles techniques électorales, la place faite à des corps intermédiaires comme les syndicats, le développement des sciences sociales même ont apporté des éléments partiels de réponse au déficit originaire de figuration.
Ce qu'il est convenu d'appeler la «crise de représentation» doit être compris comme résultant, depuis les années 1970-1980, de l'érosion de cette démocratie d'équilibre. Les transformations de la société et l'épuisement des institutions se sont alors conjugués pour faire retourner la démocratie à ses apories premières.