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Sommes-nous aujourd'hui encore capables de jouir d'une œuvre ? Savons-nous encore lire un texte, voir un tableau, écouter une sonate ?
La question est d'importance. Nous vivons à l'ère moderne - celle qu'inaugurèrent Rimbaud et Mallarmé. Tous deux prophétisèrent la fin d'un monde, celui - classique - où le mot désignait une chose. Depuis lors, on s'est acharné à théoriser la fin du discours, l'arbitraire du signe, le texte autoréférentiel, l'autonomie de la structure, la mort de Dieu d'abord, de l'homme ensuite. Même les compositeurs ont proclamé la mort de la musique, et les artistes la fin de l'Art...
De tout cela, il nous reste un lourd héritage : nous vivons, en effet, à l'époque que George Steiner appelle l'ère de l'Epilogue. C'est l'ère où le monde n'a plus de sens, où le sens d'une œuvre, quelle qu'elle soit, n'est plus la raison d'être de notre lecture, mais où, au contraire, chacune de nos lectures accorde une raison d'être à l'œuvre. Les intentions du créateur n'importent plus, seul compterait ce qu'arbitrairement nous mettrions dans l'œuvre que nous déconstruirions.
Face à cette mode de l'indécidable, de l'interchangeabilité du sens, George Steiner, nourrissant ses réflexions d'exemples puisés dans la littérature, la musique et la peinture, nous convie à parier à nouveau sur le sens, et même sur le scandale radieux de la transcendance : il y a bien un accord et une correspondance entre le mot et le monde, entre, d'une part, les structures de la parole et de l'écoute humaines et, d'autre part, les structures, toujours voilées par un excès de lumière, de l'œuvre. C'est grâce à ce pari que nous pourrons jouir de l'œuvre et comprendre sa nécessité.