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En 1961, Harry Mulisch assiste au procès Eichmann pour un grand hebdomadaire néerlandais. A Jérusalem, il se fait l'observateur minutieux d'un procès sans précédent, et avec le sens de la formule qui le caractérise, il décrit à la fois le déroulement concret des débats, les protagonistes du procès et l'ambiance dans la salle d'audience. Puis ses comptes rendus s'intéressent à la personnalité de Eichmann, à la question de son antisémitisme, et à son implication personnelle dans la mise en œuvre de la «solution finale». Ces pages constituent une plongée vertigineuse dans l'horreur de l'Allemagne nazie.
Dans un deuxième temps, les observations de Mulisch s'élargissent ; il quitte même le procès pour un voyage dans le désert - ce qui donne lieu à quelques réflexions sur son identité personnelle - mais la question du sens du procès Eichmann et l'interrogation sur le mal reviennent sans cesse.
C'est évidemment dans ce questionnement moral que le livre de Mulisch est complémentaire de celui de Hannah Arendt, Eichmann à Jérusalem. Ses observations sur la personnalité de Eichmann, être amoral et mécanisé, mais aussi sur la Shoah comme forme perverse de la modernité où la technologie se met au service du mal, ou encore sur la signification des actes de ceux qui disent avoir «simplement obéi» apportent un témoignage capital à ce chapitre de notre Histoire.