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«Il faisait une chaleur torride, cent pour cent d'humidité. On aurait dit que l'énorme ville tout entière, avec ses immeubles inhumains, ses parcs magnifiques, ses gens et ses chiens multicolores, était parvenue à la limite de la phase solide - encore un peu, et les êtres à demi liquéfiés allaient se mettre à flotter dans l'air transformé en bouillon.»
C'est dans son loft d'artiste à Manhattan, dans une ville écrasée de chaleur, qu'Alik, peintre juif russe émigré, va mourir. Et il n'est pas de mort annoncée qui ne soit aussi drôle et, paradoxalement, un tel hymne à la vie que celle d'Alik. Entouré de sa femme Nina et de ses anciennes maîtresses, l'agonisant souhaite que la fête continue, alors que Nina ne pense qu'à sauver son âme. Un prêtre orthodoxe et un rabbin vont ainsi se succéder au chevet du mourant, et leur rencontre est le point d'orgue, d'une drôlerie irrésistible, de ces funérailles pas tout à fait ordinaires. Dans un vrai tour de force romanesque, Oulitskaïa nous prouve ainsi que les interrogations métaphysiques sur la mort et l'appartenance religieuse ne sont pas, en littérature, incompatibles avec l'humour.
Quatrième ouvrage de Ludmila Oulitskaïa traduit en français, De joyeuses funérailles renoue avec la veine de Sonietchka (Prix Médicis Etranger 1996). De Ludmila Oulitskaïa, les Editions Gallimard ont également publié un recueil de nouvelles, Les pauvres parents (1993), et le roman Médée et ses enfants (1998). L'auteur vit à Moscou.