Mundus est fabula, le monde est une fable, une fiction fabuleuse, inventée par quelque dieu malicieux ou philosophe, mais à quoi chacun est d'emblée livré, sans pouvoir se faire une image de cette belle totalité qui se dissout aussitôt en une myriade de points étoilés. Pouvons-nous encore postuler l'unité d'un univers, le même pour tous, qu'il soit physique ou spirituel ? Avons-nous un monde ?
«Souvent il nous semble que le monde est tout et que nous ne sommes rien, mais souvent aussi que nous sommes tout et le monde rien.» Ces mots de Hôlderlin pourraient définir nos propres intermittences comme les allées et venues de ce volume : du cosmos grec, ordre et parure radieuse, à la gnose qui refuse cet arrangement, de l'immersion en l'âme du monde à la solitude extrême de l'autiste, des atlas et des encyclopédies d'hier aux organisations internationales d'aujourd'hui, du nombril de l'empereur de Chine à l'Ouvert rilkéen, des banlieues sans nom de l'immonde aux colonnes de ce quotidien du soir qui ordonnent sagement le désordre de la planète.
Et, tout au long, la question unique : qu'est-ce, pour chacun de nous, que venir au monde ?