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À chaque pays sa mémoire et le genre de lieux qui l'incarnent. À chaque pays son propre rapport au passé, en fonction de son histoire particulière.
De même qu'on a longtemps opposé un modèle de nation français au modèle allemand, de même peut-on opposer aux mémoires allemandes un type de mémoire français.
Celui-ci s'organise en fonction d'un lien étroit et très ancien entre l'État et la nation. En Allemagne, où le rapport à l'idée nationale a toujours été difficile, incertain et même douloureux, ce sont les douze années maléfiques du nazisme qui commandent la réactualisation et la réinterprétation du passé tout entier. Et, pour les historiens à la recherche des «lieux de mémoire» allemands, ce sont deux événements majeurs et récents - la chute du Mur et la réunification - qui déterminent l'architecture d'ensemble, imposent le plan ouvert, respectueux de tous les pluralismes, accrochés à des notions spécifiques et intraduisibles (Bildung, Volk), mais qui jouent comme des aimants de mémoire et suggèrent la présence forte de «lieux» qui, pour être allemands, n'en sont pas moins tous nationaux et souvent même européens.
Différentes donc les approches, les méthodes. Les résultats sont là. Comme les Lieux de mémoire pour la France, chacun des «lieux» ici retenus par Étienne François et Hagen Schulze, dans les trois volumes des Deutsche Erinnerungsorte, permet, sans constituer un inventaire ou une encyclopédie, une plongée originale et éclairante dans une germanité peu familière aux Français. Ces Mémoires allemandes en présentent un condensé représentatif et exemplaire.
Pierre Nora