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Le culte de l'individu autoconstruit et la mondialisation du capitalisme libéral n'ont pas accompli la promesse moderne de l'émancipation. Ils ont juste défait les liens sociaux, sans lesquels aucune liberté ne peut grandir. L'hyperlibéralisme engendre une dissociété violente et désordonnée. Et face aux désordres, les nouveaux «libéraux» organisent le retour vers un ordre prémoderne, mélange de répression policière, d'intégrisme religieux, de contrôle communautaire et d'abrutissement dans le travail. Le défi politique du XXIe siècle est de penser un ordre social qui n'effacerait pas trois siècles d'émancipation. Il nous faut abandonner l'illusion d'une construction libérale de la société pour engager la construction sociale de la liberté. Or, tel a toujours été l'essence du projet socialiste, de Leroux à Blum, en passant par Marx et Jaurès. Les multiples dévoiements de ce projet ne le disqualifient pas ; ils exigent sa refondation néomoderne : une nouvelle modernité dont les principes politiques ne découlent plus du mythe moderne de l'individu autonome, mais de la réalité anthropologique de l'être social. À la lumière des sciences humaines, et à l'opposé d'une gauche «moderne» qui s'attarde à courir derrière des idées libérales dépassées, l'auteur dessine un socialisme qui dépasse la modernité pour en accomplir la promesse, qui offre un nouvel avenir à la liberté.