Idéal est un mot d'Europe : il s'y retrouve d'une langue à l'autre, seule diffère la façon de le prononcer.
Or qu'en advient-il quand on sort d'Europe, notamment quand on passe en Chine ?
Car il n'est pas banal d'avoir isolé dans la vie de l'esprit cette représentation unitaire, détachée de l'affectif, qu'on appelle «idée». Il l'est encore moins d'avoir imaginé reporter sur elle, promue en «idéal» séparé du monde, la fixation du désir : au point de faire de cette abstraction le mobile d'une humanité prête à s'y sacrifier.
Cet idéalisme platonicien - il est vrai - nous a lassés. Mais on redécouvrira à neuf, le considérant de Chine, quelle invention audacieuse il a été ; et, plus encore, quelle dramatisation de l'existence un tel coup de force a su inspirer.
Or, sur cette scène de l'idéal, le rideau ne viendrait-il pas de tomber ?
Ou que devient une «Europe» rompant avec l'Idéal ?