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La plupart des cas réunis ici par Françoise Dolto sont proprement sidérants ; et ce, non en raison du caractère spectaculaire du symptôme (le symptôme, c'est toujours de l'incongru), mais du fait de l'étonnement même de Françoise Dolto devant les effets que libère son écoute. Que le symptôme, apparemment le plus irréductible à tout savoir ou «préscience», se dénoue quand l'analyste accepte de ne pas comprendre mais d'être là, de n'être que «ce là» pour le sujet, c'est ce qui n'a cessé de motiver la pratique de Françoise Dolto durant les quarante ans où elle a fait la psychanalyse d'enfants en France, faisant reculer ses limites tout en assumant d'être l'Autre pour ceux qui travaillent dans ce champ.
Elle n'enseigne jamais mieux qu'en amenant à entendre, par ses cas cliniques, l'inouï qu'elle a écouté, c'est-à-dire, avant tout : laissé se dire. Ainsi de la messe des morts qui se psalmodie chez un enfant dans l'érection lapidaire de son sexe et qui lui permettra d'être enfin, en laissant parler le mort en lui.
S'interrogeant sur l'incidence de la psychanalyse, non pas seulement dans l'après-coup des cures mais sur les générations suivantes, Françoise Dolto dit au passage, avec une confiance qui devrait réveiller bien des praticiens : la méthode freudienne «marche», pourvu qu'on l'ait. A condition encore, comme en témoigne son enseignement, que l'analyste ait quelque chose qui n'est pas de méthode : non pas un «en plus» mais un «en moins» : qu'il vit comme la nécessité de sa «pas-science».