Freud, écrit Bruno Bettelheim, a été trahi par ses traducteurs. Ces trahisons, non fortuites à ses yeux, se sont produites dans toutes les langues et particulièrement en anglais. En français, les détournements de sens sont moins lourds de conséquences, mais ils existent. Notamment autour de cette notion d'<<âme>> qu'on a, partout, évacuée des traductions. Pour Freud, le mot <> en allemand, <> en anglais, <<âme>> en français, avait un sens précis. De même, le mot grec <>, qui a engendré le mot <>, ne peut être traduit par <> ou par <>, comme on le fait habituellement. Les traducteurs ont masqué l'attitude humaniste de Freud, qui entendait être compris de tous, accessible à ses patients les moins informés.
Il ne faut pas perdre de vue, bien sûr, que Freud était athée. Mais en réduisant l'âme à l'aspect rationnel de l'esprit, le traducteur nie son rôle crucial comme part de l'inconscient. Certes, Freud a approuvé l'édition anglaise, mais en ajoutant qu'il préférait avoir un bon ami plutôt qu'un bon traducteur. En Bruno Bettelheim, n'a-t-il pas trouvé les deux ?