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La guerre en Ukraine a remis au jour le débat sur l'(anti-)impérialisme. Dans le même temps, s'affirme et se développe le « décolonial ». Trop souvent, ces notions relèvent de mots fourre-tout, agités comme des épouvantails, alimentant davantage la confusion et la polémique que l'analyse critique. Alors que l'anti-impérialisme est régulièrement réduit à une stratégie reproduisant les postulats sinon les réflexes de la Guerre froide, le décolonial tend à se concentrer sur les enjeux réflexifs, culturels, académiques. L'anticolonialisme - son histoire et sa permanence - demeure hors-champ.
Les luttes anticoloniales relèvent-elles d'un passé révolu, dilué dans la géopolitique du 21e siècle ou définitivement dépassé par la « radicalité » décoloniale ? Le prétendre reviendrait à passer à côté de leur actualité et à se priver de leur charge historique qui offre un autre éclairage sur la question du ou des impérialisme(s). Faut-il en parler au singulier ou au pluriel ? Et dans ce dernier cas, faut-il les hiérarchiser ? Comment, surtout, ne pas valider l'usage opportuniste de la rhétorique anti-impérialiste par des régimes autoritaires ni disqualifier des soulèvements populaires en prise avec ces mêmes régimes ou avec un pouvoir impérial autre qu'occidental ?
L'anticolonialisme permet de se dégager quelque peu d'une double fixation sur les États et sur l'épistémologie, pour interroger à nouveaux frais les résistances aux processus de domination néocoloniale, ancrées dans le temps long des mobilisations sociales dans le Sud.