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De 1789 à 1914 - en cinq générations -, le monde rural effectue une mue décisive. L'élan que l'on a discerné depuis 1750 dans La Mémoire des paysans (1653-1788) s'accentue.
Dans les mentalités et dans la vie matérielle, l'heure est aux changements. Comment les campagnes françaises, alors au maximum de leur peuplement, les ont-ils assumés et ressentis dans le quotidien ?
Dans ce monde massivement agricole, alors le premier en Europe, les ruraux ont cherché un équilibre entre leurs traditions identitaires et les contraintes venues de l'Etat ou de la mondialisation commençante, avec un impératif : préserver le petit pays dans la construction de la grande patrie alors que la République réussit à conquérir le cœur des paysans.
En faisant remonter la voix des habitants des campagnes depuis tous les départements à travers une manne documentaire sans précédent - écrits et souvenirs personnels, correspondances, comptes et actes notariés, observations ethnographiques ou médicales, articles de presse et informations judiciaires, sources littéraires ou artistiques - Jean-Marc Moriceau met en scène la vie de nos ancêtres villageois. Dans la chaîne de transmission des témoins qui défilent, on passe de la mémoire morte à l'histoire vivante.
Selon les régions et les couches sociales, la diversité est extrême. Dans cette Mémoire des gens de la terre (1789-1914) - à la fois synthèse, référence et anthologie de l'histoire rurale où les récits se répondent ou s'entrechoquent -, on saisit comment le long XIXe siècle a marqué notre culture et imprégné notre mémoire.