Tu signais Ernst K.
Février 1917. Juliette avait regardé le jeune soldat allemand qui se présentait à elle, muni d'un ordre de réquisition de logement sous son toit, avec un étrange sentiment fait de peur et de pitié. Je m'appelle Ernest K., c'étaient les seuls mots qu'avait pu réunir ce gamin de dix-neuf ans à peine, dans un mauvais français fortement teinté de cet accent exécré qui donnait la nausée. Il était entré dans la maison avec sa panoplie de combattant en sursis : désormais l'ennemi avait un nom. Il partagerait la sphère intime de la famille. Il dormirait dans la chambre contiguë ; si proche que la vie se réglerait au seul métronome de ses pas dans l'escalier et sur le plancher de la chambre.
Ce roman - le dixième de Françoise Houdart - est celui de l'injuste guerre : celle qui oppose des hommes et des femmes aux prises avec leur vérité, leurs sentiments extrêmes et leur terrible destin.