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Qu'est-ce que Thomas d'Aquin a voulu faire en métaphysique et même de la métaphysique ?
Thomas, après Albert le Grand, se fraie un chemin entre une métaphysique fondue dans la théologie, courant augustinien auquel ils appartiennent, et la métaphysique séparée de la Faculté des Arts, dans l'orbite d'un aristotélisme indépendant.
Plus tard, une certaine métaphysique séparée s'impose, pourtant philosophie de théologiens, en apparence sans interactions rationnelles avec le christianisme. Ce modèle fleurit au XVIIe siècle. Catholique, devenu système, il précède la théologie ; calviniste, renommé ontologie pour contrer la métaphysique, il ajoute le pensable à l'être. La scolastique du XXe siècle consacre une métaphysique séparée anhistorique, qui déséquilibre la doctrine thomasienne.
Dieu lui-même a du mal à trouver sa place, tantôt englobé dans un concept d'être, tantôt, pour y échapper, exclu de la métaphysique. Étudié avec la raison par le docteur chrétien qu'est Thomas, il semble davantage connu que par les philosophes, mais beaucoup moins qu'en doctrine sacrée. À la question : « qui est Dieu ? », s'ajoute celle-ci : « où est-il ? ».
Il faut tout reprendre, laisser parler les textes. Restituer, oui, reconstruire, non. Conditions pour découvrir chez Thomas d'Aquin trois modalités de la métaphysique, autant d'articulations différenciées entre raison et foi. Ces trois modalités font miroiter toutes ses interventions et en dénouent les difficultés.