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La fin des haricots
Fin du monde, fin du mois. Nous sommes coincés entre deux apocalypses. Entre un quotidien récurrent et le grand lendemain qui déchante. Le pays des ploucs ne figure plus sur aucune carte. Aucun GPS ne conduit aux ornières de la détresse.
Le pays est une poudrière jaune fluo, un quartier difficile élargi, une sorte de banlieue parisienne inflammable à la première étincelle. Gustave Flaubert écrivait : « De toute la politique, il n'y a qu'une chose que je comprenne, c'est l'émeute. »
Quand j'étais petit, j'allais à l'école de ski où la monitrice nous enseignait des rudiments de glisse. Dans mon oreille aujourd'hui, retentit l'énoncé en trois parties d'une vérité à appliquer pour vivre en sécurité : tester, tracer, isoler. J'y vois une continuité avec le lancinant « planté, flexion, extension » des instructeurs de christania. Le virus ressuscite mes souvenirs de poudreuse. Quand j'étais petit, l'institutrice m'apprit à lire des livres essentiels pour ma survie intellectuelle. Pourquoi diable, dans une république si belle, cherchons-nous un ciel dans des biens non essentiels ?
De Gaulle est une étoile morte. Gracq, l'ami de Pompidou, le plus gaullien de nos grands écrivains, témoigne du paysage littéraire de manière lapidaire : « Entre le quelconque et l'excellent, la distance est stellaire. »
Nous vivons sous une forme insidieuse de tyrannie, de dictature du quelconque, sous une sorte de suffisance du quelconque. À vrai dire, on n'a jamais tué de Gaulle qu'un demi-siècle après sa mort.