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«- Je suis censé écrire "Cent lignes de haine" depuis New York, la capitale du judaïsme mondial ? dis-je. Je me plairais bien, là-bas. Ils sont tous comme moi.
Il rit de nouveau, mais cette fois son rire ne me plut pas.
- Dans ce cas il faut que tu restes ici, dit-il.
- Volontiers, dis-je, oubliant que mon seul et unique souhait était de devenir écrivain. Mille marks par chronique, ça va ?
Nouvelle erreur. Au lieu de disparaître dans le monde parallèle clair et cosmopolite entre l'East River et l'Hudson, où personne ne me demanderait jamais pourquoi je suis toujours d'un autre avis et pourquoi je parle sans arrêt de sexe, je décidai de devenir Juif de service en Allemagne. À cet instant, bien entendu, je ne le savais pas. Ce n'était pas malin de ma part.»
Maxim Biller croyait en avoir fini avec la question juive. Il lui faudra du temps pour comprendre qu'il n'en est rien - surtout quand on est, comme lui, un Allemand d'adoption. De même qu'il ne suffit pas de fuir le kitsch communiste pour échapper à l'Histoire, nul ne peut se soustraire à ce qui fonde sa propre identité.
Chef-d'oeuvre d'humour et de mauvais esprit, ce livre peut se lire comme le portrait d'une génération née à la fin des années 50, et qui a grandi dans l'ombre de la guerre froide. Mais c'est aussi un tableau de la comédie littéraire : polémiques, coups tordus, portraits au vitriol d'écrivains rivaux et de vieilles gloires, Maxim Biller s'en donne à coeur joie dans cette évocation d'un milieu dont les moeurs nous sont étrangement familières.