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À chacun sa génération perdue. Après les «jeunes gens tristes» de Scott Fitzgerald et les trentenaires survoltés de Jay McInerney, voici Mark, Sam et Keith, les anti-héros du premier roman de Keith Gessen.
Mark termine une thèse sur les mencheviks et consulte des sites pornographiques. Sam rêve d'écrire le «grand roman sioniste» mais perd beaucoup de temps à vérifier sa popularité sur Google. Keith soutient la candidature d'Al Gore. Tous trois possèdent le charme propre aux jeunes gens que leurs brillantes études ont condamnés à une lucidité aussi précoce qu'inutile.
Touchants, exaspérants, irrésistibles, ces trois garçons sont les protagonistes d'une nouvelle éducation érotique et sentimentale.
L'on ne saurait trop remercier l'auteur d'avoir pris le parti de la légèreté contre celui, si prévisible, de la gravité. Keith Gessen n'hésite pas à bousculer les vaches sacrées de l'avant-garde officielle, en lançant au passage quelques pétards sur les grognards de la gauche intellectuelle américaine, en toute injustice. Avec ce roman en forme de comédie, il rejoint d'emblée le peloton de tête d'une jeune littérature anglo-saxonne à l'esprit mordant.