Jeudi 5 février 1818. Napoléon observe des blattes.
Jean-Louis Faure est devenu un historien incomparable, dont les sculptures ne craignent pas les facéties qu'il y introduit pour précisément montrer la désinvolture de l'Histoire. En témoin de ce siècle, plus pataphysicien que métaphysicien (encore qu'il refuserait ce raccourci), il incite l'esprit à réagir de manière tonique. Il déconcerte et il n'y a pas meilleure manière de provoquer. C'est d'ailleurs pourquoi il a la vertu d'écarter les imbéciles. On peut dresser une nomenclature : ceux qui ont compris ses intentions et les autres, ceux qui ne sauront jamais réagir au court-circuit que suscite chacune de ses oeuvres électriques.
Charles-Henri Favrod
Qu'y a-t-il de commun entre une blatte et Napoléon en exil, entre Hokusaï et Marie-Antoinette, entre la main gauche de Marcel Duchamp et un ours blanc, ou encore entre Hitler et Saint François d'Assise ?
Les sculptures de Jean-Louis Faure ont la faculté d'inventer des questions passionnantes qu'elles se gardent bien de gâcher par des réponses. Ses assemblages sont à la sculpture ce que les je-me-souviens de Perec sont à la littérature.
Oeuvres étranges et prémonitoires qui à la fois nous arrachent des sourires et pourraient bien être tout le contraire de l'humour : non pas prise de distance avec quelque chose de connu, mais prise à bras-le-corps de l'imaginaire et de l'Histoire vue de la propre fenêtre de l'artiste.
Entamée il y a une trentaine d'année, cette oeuvre qui travaille sur la coïncidence et la dichotomie, l'allusion et la collision, commence aujourd'hui seulement à exciter la curiosité de quelques esprits indépendants.