La grande génération
Le 14 septembre 1939, Paula, jeune mariée, écrit à sa soeur Jeanne : « Ma consolation actuelle, c'est d'évoquer nos moments heureux. Qui eût cru que ces abîmes de joie côtoyaient des abîmes d'inquiétude ? »
John, son mari officier de réserve, vient d'être mobilisé. Le 28 mai 1940, il est fait prisonnier. Libéré au bout de deux ans, il s'engage dans l'Armée Secrète. Et, en septembre 1944, il participe à des missions de reconnaissance dans les forêts de Haute Ardenne en soutien des troupes US qui approchent...
Dans La Grande Génération, Bernard Gheur raconte l'histoire de John et Paula, ses parents. Le récit est construit autour de lettres de sa mère, d'un rapport militaire trouvé dans de vieux papiers de son père, ainsi que du témoignage d'un ami, l'historien Léon-E. Halkin, résistant, rescapé des camps de la mort.
« Bernard Gheur suit le conseil de Jean Cocteau : il chante dans son arbre généalogique. »
François Truffaut
Papa ne nous lisait jamais les albums de Tintin. C'était le rôle et le plaisir de maman. Nous étions tous serrés auprès d'elle sur le grand divan brun du salon. Et ce divan devenait un vaisseau capable de nous transporter vers toutes sortes de pays. Et même vers la Lune. Le son de la voix de maman faisait partie du charme. Mon père avait un avantage sur elle : il avait bien connu Tintin pendant la guerre.
« Le vrai Tintin ?
- Oui. Il était avec moi en Allemagne, dans un camp de prisonniers. »