Daniel Cardon de Lichtbuer : une vie plurielle

Né en 1930 dans une famille anversoise, Daniel Cardon de Lichtbuer est un francophone de Flandre. Ayant grandi sous l'Occupation, il se forme au droit et à l'économie avant de se lancer dans l'Europe. Rapidement, il devient chef de cabinet du commissaire Albert Coppé et participe activement aux premiers pas de l'aventure européenne. À ce titre, il doit notamment gérer la crise charbonnière et construire une administration commune après la fusion des Traités.

Cardon découvre ensuite le monde de la haute finance. Impliqué dans la fusion entre la Banque de Bruxelles et la Banque Lambert, il se bat aussi pour faire de la BBL un lieu d'art et de culture. En 1992, il en devient président. Il tente alors de concrétiser son rêve : créer une «grande banque belge». C'est le début d'un feuilleton palpitant qui tiendra en haleine le capitalisme bruxellois durant de longs mois. Cardon, pour sa part, devra surtout se frotter aux logiques implacables d'un univers où l'argent est roi...

À peine retraité, l'homme est nommé président de Child Focus. Il aide le pays à relever la tête au lendemain de l'affaire Dutroux. En fin diplomate, il tente d'apaiser les délicates relations avec les parents des victimes ; en bon financier, il lutte pour assurer la santé financière d'un organisme unique en Belgique.

Au cours d'une vie hors du commun, Daniel Cardon a côtoyé de près les plus hauts dirigeants politiques (Hillary Clinton, Matteo Renzi, Jean-Luc Dehaene...), le gratin du capitalisme belge (Léon Lambert, Albert Frère, Gérard Mestrallet...) et de nombreuses têtes couronnées (la reine Paola, le prince Henrik du Danemark, le prince Lorenz...). Homme du monde, Daniel Cardon est aussi un homme de coeur dont la vie se confond avec la disparition d'une certaine Belgique.