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Le nouveau voisin : Hé ! Bonjour, camarade ! Ha-ha...
Le père : Bonjour...
Le nouveau voisin : Vous ne me connaissez pas... C'est normal... Je ne suis pas d'ici. Je suis de Pratograd. Je m'appelle Yrvan. Ça fait seulement deux ans que j'habite ici. J'ai acheté la maison d'en face. Maintenant, nous sommes voisins... Je vois que vous êtes revenu. C'est bien. C'est très bien. Je prie toujours pour que ça tienne. Il y a eu trop de morts. Trop de morts pour rien. Et c'est dommage. C'est dommage parce que nous sommes tous des frères. Devant Dieu, nous sommes tous des frères. C'est dommage qu'on ait oublié ça. On n'aurait pas dû oublier ça. C'est à cause de cet oubli qu'on a eu tant de morts... Ça se passe bien ? Vous avez besoin de quelque chose ?
Le père : Non.
Le nouveau voisin : Vous avez de la chance. La maison n'est pas entièrement brûlée. Il y en a d'autres qui n'ont trouvé que de la cendre
Cette pièce parle de la guerre, de la douleur, de la mémoire blessée. Les frontières qui sautent en Europe, la mixité culturelle, la liberté retrouvée sont en train de dessiner un nouveau paysage géographique et humain... sont en train de dessiner l'avenir et l'espoir.
Mais si on creuse un rien sous ce paysage, on découvre plusieurs couches de morts superposées et beaucoup de blessures mal guéries, encore saignantes... Souvent, les frontières se reconstituent ailleurs, dans les cours, dans les rancoeurs, dans les esprits tourmentés...
Cette pièce se veut une miroir lucide posé devant notre conscience européenne, un avertissement que la sortie du tunnel est encore loin...