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Liaisons étrangères est sans doute le plus anglais des romans américains parus ces dernières années et offre un exemple de ce que la littérature américaine a produit de meilleur dans l'ironie mais aussi dans la dérision des analyses psychologiques. Et peut-être le fou rire que déclenche le dernier roman d'Alison Lurie est-il dû à l'ambiguïté des attitudes américaines vis-à-vis de l'Angleterre. Connivence feinte, hypocrisie, fascination réciproque ou rejet mutuel, complexe d'infériorité ou de supériorité : tous ces sentiments conflictuels ne cessent de se croiser dans l'esprit des deux personnages principaux qui prolongent dans ce livre l'expérience d'expatriation des héros de Henry James.
Mais cette fois-ci les expatriés américains réfugiés à Londres ne sont pas les voyageurs fortunés de James : Vinnie Miner, inoubliable de drôlerie et de véracité, et Fred Turner, deux professeurs issus des collèges de la Nouvelle-Angleterre, réalisent enfin leur rêve anglophile loin de la «barbarie» américaine, dès lors que leur université d'origine, Corinth, leur accorde un congé d'études à Londres. Et à côté de ces deux protagonistes et de leurs rencontres imprévues, Londres devient une sorte de personnage subtilement décortiqué par l'œil cruel et ironique de l'auteur. L'humour ravageur d'Alison Lurie, qui lui vaut l'admiration des plus grands romanciers anglo-saxons, appartient à la tradition européenne de la littérature américaine et de ces «visages pâles» du roman américain que furent Henry James et Edith Wharton. C'est un humour où la satire des situations est toujours tempérée par l'intelligence contradictoire des émotions. Il n'est pas étonnant qu'un tel «cocktail» ait déjà fait de ce livre un classique.
Prix Pulitzer 1985.