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Il y avait une fois un garçon qui avait appris ses premiers mots de breton en écoutant parler entre eux ses grands-parents. Mais c'est sur un bateau de la marine marchande qu'il prit conscience de l'existence de la langue bretonne. Elève sur un cargo, où se trouvaient des marins de Guilvinec, il entendait un breton différent du vannetais de ses grands-parents. C'est ainsi qu'il apprit qu'il y avait au moins deux façons de parler cette langue. Il avait à peu près 21 ans quand il commença à apprendre le breton. Il essayait de parler avec les marins qui étaient embarqués avec lui et il leur demandait de lui traduire ce qu'ils se disaient entre eux. Tout ce qu'il collectait, il le notait sur des feuilles volantes ou peut-être un carnet, il ne sait plus très bien. De retour à terre, après un embarquement de quatre mois, il demanda à sa grand-mère de l'aider. Elle fut tout d'abord réticente, puis elle accepta de lui apprendre comment se prononçait tel ou tel autre mot en vannetais. Il notait tout cela sous une forme phonétique. Pour ne pas perdre la prononciation de la langue qu'il entendait parler autour de lui quand il était enfant. Car c'est ce breton-là qu'il voulait apprendre.
C'est ainsi que Pierre commença son récit.
Comment se fait-il qu'un individu, à un moment donné de sa vie - et dans un contexte particulier -, se mette à apprendre une langue que ses parents ne lui ont pas transmise ? Est-ce que cette langue, par l'usage qui en est fait, peut permettre de nouer de nouvelles relations sociales ? Est-ce que devenir bretonnant aboutit à une (re) formulation de l'identité de soi ?
A partir des récits que font les nouveaux locuteurs de leur apprentissage de la langue bretonne, j'ai cherché à montrer que le «devenir» peut être analysé comme un processus de socialisation.