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Gus van Sant a profondément transformé notre regard sur la jeunesse américaine. En 2003, le jury du festival de Cannes, bouleversé par la transposition de la fusillade du lycée de Columbine qu'il livre avec Elephant, lui décerne la Palme d'or. Son parcours est fait de métamorphoses successives, des quartiers populaires de Portland, «sa» ville, filmée d'abord en noir et blanc dans Mala Noche jusqu'au San Francisco des années 70, reconstitué pour faire revivre la lutte de Harvey Milk pour les droits des homosexuels.
A la fin des années 80, il représente le jeune auteur indépendant par excellence avec Drugstore Cowboy, My Own Private Idaho, Even Cowgirls Get the Blues. Son univers peuplé d'une nouvelle génération d'acteurs (Matt Dillon, River Phoenix, Keanu Reeves...) affirme son identité homosexuelle et mêle les influences du western classique, de la culture «beat», de la peinture hyperréaliste et des écoles contemporaines de la photographie américaine. Au milieu des années 90, l'auteur se mue en artisan des studios avec Will Hunting et A la recherche de Forrester. Psycho marque le tournant qui le conduit vers Gerry, Elephant, Last Days et Paranoid Park et le statut d'un artiste protéiforme au moment où l'on découvre qu'il peint, photographie, compose et interprète...
L'oeuvre de Gus van Sant est à la fois neuve et prise dans le mouvement d'une génération. Chacune de ses périodes place le cinéaste au meilleur poste d'observation, dans l'oeil du cyclone, à partir duquel il ressent et donne à voir les contours du temps présent.