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L'Homme de la plaine (The Man from Laramie, 1955) impose Anthony Mann, comme l'un des plus remarquables cinéastes d'un genre-roi à Hollywood, et qui a presque l'âge du cinéma, le western. C'est la première fois qu'il s'essaye à un nouveau format: Le CinemaScope qui va s'avérer une dimension capitale de son art. Le film est pile le cinquantième de la «star» James Stewart et il s'agit de son cinquième (et dernier) western avec Anthony Mann. Avec L'Homme de la plaine, Mann peut bien avoir alors le sentiment d'un aboutissement: «Je voulais récapituler, en quelque sorte, mes cinq années de collaboration avec Jimmy Stewart. J'ai repris des thèmes et des situations en les poussant à leur paroxysme.» À la faveur de ce dernier tour de piste avec son acteur fétiche, Anthony Mann assume la perpétuation d'un genre classique tout en renouvelant son expression artistique dans cette période de l'après-guerre qui voit naître la modernité. L'Homme de la plaine rend compte d'une mutation en cours qui vaut aussi bien pour l'époque dans le film (la fin du XIXe siècle) que pour l'époque du film (les années cinquante). Mann ou la vision tragique de l'homme et du monde comme il va.
Avec L'Homme de la plaine, Anthony Mann connaît sa première vraie reconnaissance critique en France. Dès sa sortie, André Bazin salue le film comme un chef-d'oeuvre dans un article dithyrambique: «Beauté d'un western», paru dans les Cahiers du cinéma. Suivront d'autres signatures comme celles d'Éric Rohmer, Jacques Rivette, Claude Chabrol, Jean-Luc Godard, qui sauront trouver chez le vieux maître des idées de cinéma quand leur tour viendra de faire du cinéma.