Retour à Sommières : vies et Vidourle

Mais comment revient-on de là ? Comment émerge-t-on d'un chaos où voitures, meubles, vêtements, jouets, pianos, photos de famille et stocks de supermarché s'enchevêtrent dans des rues dévastées ? Le Gard comptait ses morts ces 8 et 9 septembre 2002, après le déferlement des eaux. Sommières, qui a une si longue pratique de son fleuve cabochard, avait, elle, échappé au pire.
Mais la ville fut rarement aussi meurtrie. En 1958 sans doute, disaient les plus anciens. En 1933 peut-être. Mais ces références lui étaient une pauvre consolation.
Alors, oui, comment revient-on de là ? Comment reconstruit-on ? Surtout : comment se reconstruit-on dans cette étrange ville bâtie au lit d'un fleuve, qui le sait et qui depuis si longtemps s'en accommode ? Ce livre, c'est cela : une boutique qui rouvre, un sourire qui renaît, des photos que l'on retrouve et qu'on croyait perdues, un piano qui se remet à jouer, des chocolats que l'on prépare pour Noël et des fêtes que l'on veut belles comme autant d'exorcismes.
Vidourle continue à couler. Les Sommiérois comme d'habitude ne lui en veulent pas. Pas vraiment. La cohabitation millénaire continue autour du pont romain.
Voici l'histoire d'une renaissance.