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C'est dans les années 70 que les lecteurs du monde entier, incrédules et bientôt captivés, découvrirent la trilogie romanesque que le singulier Mervyn Peake (1911-1968) avait publiée dans l'indifférence après la guerre - Titus d'Enfer, Gormenghast, Titus Errant - et qui le fit comparer, dans un beau désordre, à Rabelais, Swift, Rimbaud, Powys...
Le «personnage» central de l'œuvre - laquelle réserve au lecteur les mêmes plaisirs qu'un labyrinthe particulièrement retors - est l'antique château de Gormenghast, campé à flanc de montagne dans une contrée mal définie, en une époque non moins incertaine mais qui pourrait bien être la nôtre. Autour de Lord Tombal, sorte de roi Lear lunatique, de sa plantureuse épouse Certrude qui rêve de s'envoler avec ses amis les oiseaux, de leur fille Fuchsia la sauvageonne, de leur dernier rejeton Titus - qui ne manquera pas de donner aux uns et aux autres quelque fil à retordre - tout un peuple de personnages fantasques poursuivent, chacun selon ses talents particuliers, folles lubies, passions désespérées, noirs complots, rêves criminels, songeries angéliques (ou le tout à la fois).
Une vaste métaphore, humoresque et poétique, de l'humaine condition, qui fit se récrier d'aise Graham Greene, et que toute la critique salua, il y a un quart de siècle de cela, à larges coups de chapeau.
«Un monde de visionnaire»
Diane de Margerie
«L'une des rares grandes révélations littéraires de l'époque.»
Frédéric Vitoux