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Le Dieu de Jaurès
« Je ne suis pas de ceux que le mot Dieu effraie. J'ai, il y a vingt ans, écrit sur la nature et Dieu et sur leurs rapports, et sur le sens religieux du monde et de la vie, un livre dont je ne désavoue pas une ligne, qui est resté la substance de ma pensée. Au risque de vous surprendre, je vous dirai que j'en ai fait, il y a peu de temps une seconde édition, et que je n'y ai fait aucun changement », proclamait Jean Jaurès à la tribune de la Chambre en janvier 1910.
Alors qu'il n'a jamais cessé de se réclamer de sa thèse de doctorat soutenue en 1892, De la Réalité du monde sensible, personne n'a jamais voulu s'y confronter. Ni son jury ni les « spécialistes », universitaires ou militants, souvent les mêmes, qui ont préféré se fabriquer un Jaurès à leur mesure.
Et pourtant, il ne manque à son Dieu rien des attributs de la « philosofia perennis » et de la « religion étemelle » dont il ne cesse de se réclamer. Éternel et dans la durée, à la fois immanent et transcendant, nous voyons dans sa lumière et nous l'entendons dans le silence des nuits. Ou, pour dire comme l'apôtre Paul dont il se réclame : « Nous vivons en Dieu, nous nous mouvons en Dieu et nous sommes en Dieu. »
« Moi des moi », c'est un Dieu de liberté qui associe l'homme à son « pèlerinage de la perfection », un Dieu de compassion : « Dans ma pauvre tête fatiguée, il y a Dieu. »
Le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jaurès ? Trop judéo-chrétien et trop difficile à intégrer dans l'histoire de la philosophie française contemporaine, autant que dans celle, marxiste ou franc-maçonne, du socialisme. Alors que, loin d'être l'abandon de ses idées métaphysiques et morales, l'action et la politique de Jaurès en constituent l'accomplissement.