Le mistral, selon sa bonne habitude, s'est abattu sur le terroir marseillais. Il est, ce samedi soir 22 décembre 1912 d'une violence inouïe. Les enfants, en vacances aujourd'hui pour les fêtes de la Noel, vont devoir dire adieu aux balades en mer ou aux courses dans les collines, pour se réfugier dans les maisons de Mazargues, au coin du feu. C'était bien la peine de les attendre tout ce temps, ces fichus congés... Heureusement, le fils du charcutier. Milou, le chef de la bande, a une idée : «Si on allait chez le Papet ?»
Sacré personnage que ce Papet : 90 ans dans les pattes mais l'oeil vif et l'appétit féroce, lui qui connaît si bien ce Mazargues et répète inlassablement qu'«ici, c'est le plus beau coin du monde» ! Alors Milou ne se démonte pas :
Mais ça fait deux semaines, ça ? Bon, voyons, si on enlève les deux dimanches et les jours de fêtes, il reste huit jours utilisables...