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Le 21 avril 2002, au soir du premier tour de l'élection présidentielle, la France émergea de sa torpeur avec une bonne gueule de bois. Pourtant, le scénario avait été bien monté. Le casting prévu pour le second tour était parfait, Jacques Chirac dans le rôle de l'homme politique de droite tactique, habile, mais cerné par les «affaires», Lionel Jospin dans celui de l'homme politique de gauche sérieux, travailleur et vertueux, mais quelque peu coincé.
L'Histoire a parfois des bizarreries et, tel l'iceberg venant heurter le Titanic qu'il aurait pourtant dû savoir insubmersible, surgit soudain du brouillard électoral un acteur vraiment inattendu : le peuple ; il élimina dès le premier tour le candidat chouchou des experts et de la plupart des médias.
Depuis lors, les responsables passent outre à toute analyse de leur propre rejet par un peuple auquel ils interdisent d'exprimer une souffrance sociale accumulée en 20 ans de domination du libéralisme économique. Ils cherchent à mieux contrôler, voire orienter les votes à l'avenir. Pire, la classe dirigeante semble chercher des substituts au peuple et à ses représentants.
Cette époque, qui retourne vers le Moyen Âge en TGV, a un caractère réactionnaire qu'il est urgent de dénoncer.