Le bonheur des Charmettes

Un vagabond ! Voilà à quoi ressemble le garçon que le curé de Coufignon confie à Mme de Warens pour le remettre dans le droit chemin du catholicisme. Derrière les hardes et la crasse se cache pourtant un esprit vif et idéaliste qui intrigue très vite la baronne. Au fil du temps, l'affection du jeune homme pour sa bienfaitrice se transforme en une troublante passion. Mais un obstacle se dresse devant eux : Mme de Warens est de douze ans l'aînée de cet adolescent qui se nomme Jean-Jacques Rousseau.

Conté par un de nos plus grands écrivains, un épisode romantique et bucolique de la vie de Rousseau, ou la jeunesse du « promeneur solitaire » comme vous ne l'aviez jamais imaginée !

Il s'appelait Jean-Jacques Rousseau. En termes simples, mais dans un style correct et même un peu apprêté, il sollicitait mon hospitalité et mon soutien. J'aurais pu m'attendre à ce qu'il se prévalût, pour justifier sa démarche, d'un élan vers la vraie foi, mais il m'épargnait banalité et flagornerie.

De toute évidence, je n'avais pas affaire à un trimardeur ordinaire, de ceux qui ne laissent chez moi, en guise de remerciements, que de belles promesses, avec leur crasse et leur vermine. [...]

« Vous avez donc seize ans ? dis-je. C'est bien jeune pour courir les routes. »