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Terres d'ailleurs - Écosse
Mary Rose
La valeur d'une oeuvre se mesure peut-être à son aura : à l'influence permanente qu'elle exerce sur les autres, à son pouvoir de lier les âmes soeurs et au dialogue ininterrompu né de sa contemplation. Mary Rose est bel et bien un mystère, qui, de nos jours, fait encore couler l'encre - le sang de l'esprit. Voilà une vérité simple, comme l'est celle tenue au secret par Peter Pan, l'enfant sans mémoire - que Mary Rose rencontra jadis sur son île... Mais est-ce une histoire de fantôme, une fable métaphysique ou les pensées clandestines d'un homme endeuillé et orphelin de ses rêves ? Sir James prétendait lui-même ne point connaître la signification de cette pièce serrée contre le coeur pendant plus de quinze ans. Indéniablement, il y a quelque chose d'intarissable dans cette oeuvre ; et ce n'est donc pas un hasard si Hitchcock fut hanté par Mary Rose. Il ne put jamais, hélas, la porter à l'écran, mais son écho tremblant court dans plusieurs de ses films - notamment Vertigo et Marnie. Sir Alfred avait, semble-t-il, déchiffré l'un des messages de cette pièce quasi inédite en France : « [...] si les morts revenaient, on ne saurait absolument pas quoi faire d'eux ! » Cette déclaration fait suite à celle de Barrie - elle aussi sans appel : « Ceux qui sont partis ne devraient jamais revenir, quelle que soit la force avec laquelle ils ont été aimés. » Pourquoi ? Parce qu'en bon lecteur d'Ibsen, James Matthew Barrie n'ignorait point cette douloureuse vérité humaine : « Presque tout le monde se fait grand pour pleurer devant un mort. Mais combien de temps croyez-vous que cela durera ? » (Le Canard sauvage).
Oui, combien de temps ?
Le temps que met une larme pour tomber à terre.