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Des plateaux enneigés de l'Aubrac à la Meseta désolée, en passant par les terres vertes et chaudes du Pays basque, du Puy-en-Velay à Saint-Jacques-de-Compostelle (et au cap Finisterre), Jean-Yves Grégoire s'est laissé « engloutir » par le Chemin, dans une succession d'horizons tenant tous de l'émerveillement.
Parfois labyrinthe semé d'arbres, parfois terre calcinée, ici vallon paisible, là étendue sans limite, chaque lieu parcouru et pour le marcheur combinaison d'effort physique et d'interrogations dépassant cette physique. Tel jour pèlerin épicurien, le lendemain ascète délivré de la pesanteur des heures, l'auteur s'accorde à la lenteur de la marche, laisse fleurir les questions sur le sens de sa pérégrination. Il s'imprègne de l'immuabilité du Chemin et de la pérennité de cette invitation à aller au-delà de soi au sein d'un quotidien érodé par une agitation souvent vaine.
Aller à Compostelle est affaire de beauté, de rencontre, de regard neuf, de liberté reconquise, de silence au de silence au rythme sourd des pas, de rumination vaincue par l'harmonie, d'aller et retour entre matière et pensée, d'espace esquivant les morsures du temps, de sacré dépouillé de toute mystification.
Le Chemin n'a rien d'une illusion ; ce n'est pas même une parenthèse mais un aperçu de la saveur et de la valeur du don, de la tolérance, de l'entrebaillement de la conscience tantôt à une transcendance hors du dogme, tantôt à une immanence veinée d'utopie.
Aventure raisonnable d'un point de vue géographique, le Chemin ouvre à la fulgurance de la vacuité et, au bout du compte, ne confond pas destin et destination...