Beaucoup a été dit et écrit sur l'art moderne comme forme. Le «formalisme» aura même été la doctrine dominante de la modernité. Curieusement, cette attention à la forme s'est imposée alors même que les oeuvres modernes s'écartaient de l'idée du chef-d'oeuvre et même de l'idée d'oeuvre tout court. Un «collage», une «performance», un «multiple» ne sont plus vraiment des oeuvres.D'où l'idée de ce recueil d'essais par un groupe d'historiens de l'art italiens: approcher l'art moderne à travers les artistes, leur formation, leurs groupes, leurs ateliers, la critique qui les promeut, les expositions, grandes ou petites, où ils se montrent, les musées, la diffusion et la reproduction d'oeuvres de moins en moins substantielles. L'originalité de l'approche consiste à saisir le moderne dans sa production, ses modes d'existence et de diffusion, dans ses fonctionnements et ses institutions, en partant très en amont, depuis le xixe siècle. On trouvera donc ici des analyses des académies et écoles d'art, des expositions, des techniques de production, de reproduction et de commercialisation des oeuvres, des images de l'artiste. Le moderne n'est pas saisi comme objet mais comme processus et activité. C'est une nouvelle histoire de l'art qui ainsi se propose: une histoire de la production, de la diffusion et de la réception.