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Dans l'Algérie du XXIe siècle où le délit d'écrire conduit encore les âmes pécheresses au cimetière ou en prison, Mohamed Benchicou a multiplié les péchés. Celui, blasphématoire, de diriger un journal frondeur, Le Matin, une voix obstinée qui dénonçait la connivence entre les islamistes et la mafia au pouvoir, la torture ou la corruption, comme une voix offerte à ceux qui n'en avaient pas, ces Algériens qu'on écrase et qu'on humilie. Celui, sacrilège, de publier en Algérie une biographie embarrassante pour le président algérien : Bouteflika, une imposture algérienne. Autant d'impiétés que le pouvoir lui fera expier par deux longues années de prison, au pénitencier d'El-Harrach.
Aussi, ce récit n'est-il pas celui d'une mésaventure personnelle mais un témoignage poignant sur le prix à payer pour la liberté de penser sur cette terre d'Algérie. Ce n'est pas une chronique chagrine sur la détresse carcérale mais, au contraire, un émouvant reportage au coeur de la solidarité humaine, celle, inoubliable et efficace, qu'apportèrent ses codétenus à celui qu'ils appelaient « ami Moh ». Une histoire à lire pour ne pas tout à fait désespérer des hommes.
Ce livre est roboratif, réconfortant et même enthousiasmant. Car Mohamed Benchicou avait été incarcéré avec en tête l'exhortation du poète Nazim Hikmet, autre détenu politique célèbre : « l'important, c'est de ne pas se rendre ».
« On ne peut rien contre la volonté d'un homme », répétait Nelson Mandela. L'auteur de ce livre en apporte à son tour la superbe démonstration. Il est sorti des geôles d'Alger comme il y était entré : la tête haute. C'est une leçon de courage que nous délivre son livre aussi émouvant que passionnant. Puisset-elle être largement entendue, et notamment par ces puissants qui croient que l'intimidation et la violence iniques réussissent toujours à courber les hommes libres.
Gilles Perrault