Un jour s'est déclaré en moi le feu du voyage.
J'avais treize ans. C'était au Sahara.
Mon père - ou ma mère - conduisait la Renault 12 break blanche louée à Alger.
Ma sœur était assise à côté de moi.
Un vent de sable se leva.
La voiture dut s'arrêter.
Le vent effaça la route.
C'est à cet instant que se déclara en moi le feu du voyage.
Le vent - le voyage - avait cette faculté de tout effacer.
L'interro de maths, la feuille d'impôts, la difficulté d'être, l'étape précédente, la page déjà écrite.
Le voyage, c'était la vie à chaque instant recommencée : page blanche, peau neuve.
Quand le vent cessa, la ville de Ghardaïa apparut en songe dans un virage.